Bruler — Un bûcher formidable, n’est-ce pas ? Toute la communauté s’agglutine autour du grand feu du passage. Solstice d’été – les anciens en parures dansent en marmonnant de vieux souvenirs. La fête païenne. On attend avec impatience les sacrifiés. Sous les arbres en flamme, ils font l’amour avec les braises cristallines – une dernière fois dans cette vie, là. Attachés par les pieds, reliés par des chaînes de glace.
Sous la peau du monde — de leur monde, de leur monde à eux, dans leurs têtes à eux, les visages se décomposent en cendres. Goûter l'odeur sucrée de la chair grillée, odeur qui flotte et qui s’introduit dans les narines comme un hurlement qui danse à travers la brise – entre les branches dénudées des vieux arbres – c’est le rituel – la répétition infinie d’un abandon programmé. Les sacrifiés, transis, baignent dans le crépuscule qui ne cesse jamais.
Les bras tendus, ils tissent des promesses de retour. Se revoir ailleurs, un jour. Tu m’abandonnes encore, hein !?!
Voir profondément l’impermanence des choses, de l’étincelle à la désolation. Voir. S’abstenir de n’être qu’un non-présent et de forcer le jaillissement de la chair – la jouissance et l’extase.
Et l’extase, ah l'extase, entre les flammes et les corps en mouvement. La chaleur du sacrifice, de l'offrande finale. Les danseurs sont des spectres. On les voit, on ne les touche pas. Ils sont à la fois présents et absents, inaccessibles.
Cercle et invocations paganisées – offrant un sacrifice à la déesse nue – les plus belles œuvres sont faites de ratures.
Et on reparle de ses visions qui le hantent et l’inspirent. Une montagne de papier. Déjà six mois qu’il ne dessine plus ses rêves hallucinés. Tout est une question de faire ou de ne pas faire. Ne rien faire. Ne plus faire. La projection de fantasmes mort-nés. Bruler — Un bûcher formidable, n’est-ce pas ?
Il est temps de faire un feu avec toute cette vanité graphique. Maîtrise du passé et dorure ego-trip/tripotage solitaire – le vernis moisi recouvre le grain du papier.
Alors !?!
Une suite de mots comme ultime moyen de purger sa tête. Une économie magique qui ouvre les portes de l’infini. Et puis, que faire d’autres ? Rien de plus...
Tout est poésie !
Impermanence / Cycle / Rose fanée
Le sol se dérobe sous les pieds des vivants. Tout le monde rit, danse, mais les yeux se détournent. La peur se cache sous les masques des sourires. Le grand feu ne fait qu’une chose : dévorer. Il dévore simplement, à son rythme, un cycle destructeur, une vie. Et nous, spectateurs asphyxiés par le spectacle – sans spectateur, il n’y a pas de spectacle – attendons l'aube pour voir si le soleil naîtra encore.
Un souffle, une ombre. Puis, à nouveau, le silence.
Impermanence / cycle / etc...