En chaque existence humaine, sommeille la possibilité d’une Connaissance transcendante, que le sanskrit nomme Prajñā — « connaître au-delà » — ou que l’on pourrait appeler Intuition métaphysique. Il ne s’agit pas d’un savoir ordinaire, rationnel ou discriminatif (vijñāṇa), mais d’une vision qui dépasse l’esprit, la pensée et la logique. Ce potentiel, ce pouvoir (indriya), mystérieux et paradoxal, échappe à toute définition, ne se laissant décrire que par ses effets et la lumière qu’il projette sur l’expérience. Lorsqu’il s’éveille, il devient une force (bala) capable de révéler l’illusion des phénomènes, de dissoudre l’illusion du moi. À son sommet, il ouvre la voie à l’Inconditionné, à l’Absolu : un abandon total de tout attachement, un dépassement de l’illusion et de la souffrance. C’est là l’Éveil (Bodhi), la libération définitive telle qu’elle est atteinte par les Arhats et les Bouddhas, un état dans lequel l’être se tient enfin au cœur de la réalité, libre de toute entrave, lumineux et entier. Voici La Voie du Bodhisattva.
Du point de vue ésotérique, nous sommes en présence d’un droit qui ne souffre d’aucune contestation, un principe absolu qui s’impose de lui-même à quiconque a franchi le seuil de l’initiation. Les objections formulées par les tenants d’une perspective purement exotérique demeurent sans portée véritable, car elles reposent sur un cadre intellectuel limité à l’apparence extérieure des choses. Par définition même, le domaine auquel appartient cette réalité échappe à leur champ de compétence — ce qui se joue ici ne relève pas du savoir commun ni des raisonnements ordinaires, mais d’une connaissance d’un ordre supérieur, inaccessible à ceux qui restent confinés aux formes extérieures de la tradition ou de la pensée. Ainsi, les critiques des non-initiés ne sauraient avoir la moindre incidence sur la légitimité intrinsèque de ce droit, puisqu’elles visent un objet dont ils ne peuvent saisir ni la nature profonde ni la justification intérieure.
Il suffit parfois d’une main, d’un mot, d’un souffle pour bouleverser le monde : le changement naît en silence, armé d’une plume.