Juillet : tout se délite, débine, la perte fluide et les draps aux taches translucides/acides – tu te rappelles, hein ? Tu te souviens – mémoire de gélatine – et la route de Portishead couchée sur la banquette ? La route. La longue plainte et la voix – CD dans la boîte à gants. Parking sombre aux places gardées par des pare-chocs virevoltants. Non !?! Pffff !!! Bordel, tu m’as pillé le cœur ! Panne et batterie plate – un dépanneur de piscine. Les pictogrammes bien alignés pour finir fusillés. Il fait froid en janvier. Les dents plantées - Variante morsure (l’arche au-dessus des fleurs).
La peau se décolle de l’instant – le présent bien absent sous l’arc-en-ciel. Les douleurs, ces vieilles amantes tatouées dans l’os, gravées de sagesse et qui s’évanouissent dans un brouillard de secondes usées à la corde – un vieux frein à l’extase. Tu pensais que ça resterait — à vif, à jamais — mais même les plaies ont leur horaire de disparition. Purulence. Une date de péremption imprimée à l’envers sur la rétine – minuit une – miroir de fractures. Et voilà : tu ne pleures plus. STOP ! L’endroit du sang est sec. Tu regardes et tu ris presque. Où sont passés les cris ? Glisser entre les lames du plancher jusqu’à la terre – semence pour une autre pousse — l’oubli s’installe comme une infection douce, une mousse grise dans les synapses. Le drame se répète en sourdine, comme un vieux film porno dont on a perdu le son (VHS-bande encore). Passion, chute, amour — recyclés en anecdotes pour morts-vivants. Tu racontes l’histoire dans ta tête, mais c’est plus la tienne. Les scènes s’effacent, les noms deviennent des grognements. L’éternel s’érode. L’amour fusionnel ? Dissous dans l’eau tiède d’un rêve qui s’est pissé dessus.
Mais écoute-moi bien : ce n'est pas une perte, c’est pire, c’est une mutation monstrueuse. Tu crois que tu peux retenir, mais tu crèves de t’accrocher. Si les blessures restaient ouvertes physiquement, on marcherait dans nos propres viscères, avec les boyaux plus longs qu’un gang de serpents, les bras pleins de tendresse morte comme des bouquets fanés qu’on ne veut pas lâcher. Tu deviendrais un musée ambulant de tout ce que j’ai dessiné.
Les courbes rampent doucement dans la plaine – une biche dans les blés. J’ai encore une pile de vieux papiers à brûler en baissant la tête vers la terre. Le cycle conflictuel doit périr par le feu.
Quelqu’un pour voir ? Les galeries décharnées. Bloc opératoire bien encadré. Dissection programmée. Je ne suis plus à vendre, juste à oublier.
Non. L’oubli est une chirurgie divine. Sans scalpel. Sans pansement. Juste une main d’air qui te déshabille. C’est un virus qui te libère. L’art est un virus, car il est fait d’artistes malades. Ça gratte un peu, ça pique au réveil, mais tu respires mieux après. Tu commences à sourire à travers les trous. Tu ne sais plus pourquoi, mais ça vient — comme une démangeaison de lumière.
Tout s’efface, ouais. Les amours, les douleurs, les noms, les gestes. Tout s’évapore dans un grand orgasme silencieux qui fuit dans l’univers. C’est terrifiant. C’est doux comme la chute lente d’un corps imbibé d’alcool dans une mer mélancolique.
Et dans ce vide ? Une promesse. Une ouverture. Le redémarrage cosmique. Pas de début, pas de fin.
Juste des boucles. Des flux. Des ondes...
Moi, je suis encore triste, tu sais ! Always on disait.
Un. Un. Un. (Bouddha, Dharma et Sangha)
... Un refuge auprès des trois joyaux - Bodhisattva