La pluie tombe depuis plusieurs jours. La neige sur les sommets borde la route de somnolence. Arrivée de nuit. Les rares lampadaires éclairent faiblement la petite route de montagne. Inondée, la terre battue m’accueille pour un premier pas.
Sauter les pieds joints dans les flaques de l’inconscience. Puis le voyage commence.
Les premiers visages nocturnes s’éclairent à la lueur des écrans portables. Deux vaches se chamaillent autour d’un feu. Les moulins à prières sont alignés et attendent patiemment une main pour les faire tourner. Résister légèrement, puis s’enrouler sur l’axe.
Je n’ai pas seulement oublié le commencement, mais j’ai oublié tout le passé. Une (re)naissance, certainement. Creuser dans la mémoire génétique pour y déceler les traces cellulaires de toute l’humanité – je me suis couché, épuisé par le trajet. De la fenêtre de ma chambre, j’observe les câbles électriques qui lacèrent l’Himalaya. Au réveil, les drapeaux multicolores flottent au vent. Dans la rue, les robes monastiques accueillent les premiers rayons de lumière. Caresser encore et encore les cylindres tournants – la méditation en mouvement – sur des prières imprimées sur des petites bandelettes de papier qui tourbillonnent à l’intérieur. Un mala enroulé autour du poignet.
Prajñā germe et s’ancre dans l’esprit.
Révolution
Tourne, tourne, tourne,
Humanité
Bien des voyages, tant de révolutions
Dans l’ombre et la lumière, révolution
Attrape la roue et laisse tourner
Tourne, tourne, tourne,
Ouroboros
Bien des contorsions pour attraper ta queue
Serpent d’argent et de cuivre
Tourne en rond l’évolution
Tourne, tourne, tourne,
L’involution
Où les espoirs s’échouent et
Trace une rivière noire et
Un dessin d’amour
Comme une ancienne révolution
Tourne, tourne, tourne,
La création
Comme un rêve en rond
Un nid de déceptions
Attrape la roue et laisse tourner
Révolution
Tourne, tourne, tourne,
Et prends ma main
Jusqu’aux étoiles en rotation
Les moulins à prières
Tournent en rond de dévotion
Tourne en rond
Révolution
— 06/05/2025