Il y a bien plus de présence dans l'absence et de beauté dans l'achèvement.
— Bruno Leyval
Le dessin initiatique se présente comme une voie de développement personnel et spirituel, structurée autour de la répétition, de la méditation, de l’écoute corporelle et du geste vécu comme expérience existentielle.
Mon parcours artistique a d’abord été celui d’un apprentissage rigoureux, animé par une quête de réussite et le désir de reconnaissance dans le milieu de l’art contemporain. Pendant des années, j’ai investi corps et âme dans cette voie, espérant y trouver une forme d’accomplissement, un sens profond, une expression authentique de mon être.
Mais au fil du temps, malgré les succès et la reconnaissance obtenus, un sentiment de vide intérieur a progressivement émergé. Ce qui semblait être une réussite s’est révélé n’être qu’une surface fragile, dénuée de la dimension spirituelle que je cherchais, en silence, depuis toujours.
Peu à peu, j’ai pris mes distances avec ce monde artistique qui valorise l’image, la performance, le spectaculaire — souvent au détriment de l’intériorité. Ce n’est pas le geste créatif que j’ai rejeté, mais un système dont les règles ne résonnaient plus avec ma vérité. J’ai alors fait un choix radical : mettre un terme à ma carrière professionnelle pour m’engager pleinement dans une démarche plus intime, plus silencieuse, plus essentielle.
Ce chemin m’a conduit à développer une pratique personnelle, fondée sur le tracé répétitif de signes automatiques : une forme de méditation incarnée, de rituel intérieur, de discipline initiatique. Parallèlement, je me suis plongé dans l’étude approfondie des traditions spirituelles, des rituels anciens, et des figures de sagesse — notamment dans les courants du bouddhisme et de l’hindouisme — qui m’ont offert des clés pour comprendre le lien entre souffle, silence, présence et geste.
Ce nouveau rapport au dessin est devenu pour moi une voie de dépouillement. Une manière de défaire le visible pour toucher l’invisible. Un abandon de la maîtrise au profit d’une écoute. Un retour au souffle, à l’essence même.
Le dessin, dans cette perspective, n’est plus une œuvre à produire. Il devient un acte d’ouverture. Une pratique du silence. Un chemin vers soi.